Cela fait un moment que les actifs d’eco-sentiers naviguent autour de la galaxie CG06. Cette collectivité territoriale détient en effet les clés de la plupart des questions qui se posent quant à l’accès des VTT et leur réglementation dans les différents espaces naturels du département, aménagés ou non.
Après 15 ou 20 ans d’absence de contrôle dans nos parcs départementaux (aussi loin que je me souvienne), est apparue au printemps dernier la première équipe de gardes du CG06. Dans le même temps, un circuit en boucle dans le parc départemental de la Valmasque, entre Mougins et Sophia Antipolis, était balisé.
Les premières interpellations « informatives » de vététistes dans les parcs de la Valmasque et de la Brague ont eu un effet détonnant à travers les diverses communautés internet et professionnelles de la zone d’activité : « Les VTT ne sont pas autorisés à circuler sur les sentiers, excepté sur l’unique boucle balisée de la Valmasque ainsi que sur les pistes DFCI. Pas de verbalisation pour le moment, mais une amende de 115 euros à l’avenir pour les contrevenants » !
Pourquoi ce durcissement
Les raisons invoquées par les gardes du CG06 varient entre : des incidents avec des piétons, un chien (non tenu en laisse) tué par un vététiste, la dégradation de la flore, etc. Mais par dessus tout, un règlement édicté en 1975 et jamais mis en pratique.
Ce qu’il faut savoir, c’est que jusqu’à présent, nos parcs départementaux étaient des zones de non-droit, où le manque de moyens était assimilé à une tolérance d’usage. Mais l’accumulation d’incivilités, de comportements dangereux ou excessifs, de problèmes de cohabitation, de destruction de certains sentiers, ont accéléré la procédure de mise en place de contrôles.
Donc oui, il y a comme dans toute communauté de sport ou de loisir, des abrutis qui se sentent chez eux au point de se fritter avec les gardes du parc, d’exiger le passage, de foncer à proximité de groupe d’enfants, etc. Et comme toujours dans de pareils cas, une minorité (on l’espère) devient représentative de la majorité.
La solution d’urgence
La stricte application du décret qui n’autorise la pratique du vélo que sur un itinéraire prévu à cet effet et les pistes DFCI. Pour le moment, simple information des contrevenants, et bientôt, verbalisation.
Ne sachant pas encore comment faire cohabiter toutes ces pratiques de loisir nature, seule la solution de « l’isolement des pratiques » ou leur cohabitation sur pistes larges a été mise en oeuvre à ce jour.
Le dialogue
Tout d’abord, l’équipe du CG06 est ouverte, constructive, et précurseur sur bon nombre d’actions au niveau des parcs naturels départementaux dont ils ont la responsabilité. Ils ne cherchent pas à appliquer la loi (DFCI pour VTT) mais à faire en sorte de répondre à leur vocation première :
- constituer des espaces naturels protégés et entretenus,
- y accueillir les habitants des Alpes-Maritimes et les touristes,
- leur faire découvrir des sites exceptionnels,
- les informer et les sensibiliser au respect de l’environnement,
- leur offrir des aires de loisirs et de détente.
Ils ne sont pas contre revoir ou adapter la réglementation actuelle à condition de trouver des solutions qui prouveront un résultat concret et positif. De même, ils sont favorables à la participation de pratiquants habilités pour un coup de main sur terrain.
Les bases sont là, nous avons commencé à proposer…
Tour de table
Pour le CG06
- le chef du service PND (Parcs Naturels Départementaux),
- le responsable des gardes,
- le responsable éducation & environnement, initiateur du circuit VTT de la Valmasque
Pour eco-sentiers
- David, président de l’AS Cagnes VTT, (futur) trésorier eco-sentiers
- Gilles, (futur) secrétaire eco-sentiers
- Pierre, (futur) président eco-sentiers
Concernant cette représentativité, c’est une simple question d’implication. La fédération de tutelle, la FFC, étant inactive à ce jour, ni les clubs au-delà de leur espace de pratique, l’initiative devait être créée de toutes pièces par des vététistes souhaitant s’impliquer dans la durée, à un niveau global et national.
eco-sentiers a, entre autres, pour but de fédérer les vététistes par le biais d’une charte et des règles et bonne pratique, au travers de différents canaux de diffusion internet (sites web, forums, listes de diffusion…). Car le gros problème des vététistes en général, et du cas de Sophia Antipolis en particulier, est l’individualisme de la pratique, et ainsi la difficulté à les regrouper et les fédérer (il n’y a pas de club sophipolitain representatif par exemple). L’AS Cagnes VTT s’est engagée par ailleurs depuis 2005 sur des actions concrètes de balisage, d’entretien et de réhabilitation de sentiers de montagne, en collaboration avec les collectivités locales.
Des propositions acceptées
Créer un canal performant de communication entre le CG06 et les pratiquants afin de pouvoir les informer en direct :
- Héberger sur le site eco-sentiers une page d’information et un formulaire de contact afin que tous les pratiquants touchés de près ou de loin par cette réglementation puisse participer et être contactés en retour,
- Créer une plaquette évoquant une charte de bonne conduite (quelques règles simples) en partenariat avec le CG06, qui évoquera aussi les problèmes potentiels, et redirigera les pratiquants vers le site. Ce « tract » devra circuler le plus largement possible au sein des entreprises de Sophia Antipolis, en direct ou par email, être affiché sur les panneaux CG06, distribué par les gardes et par nous-même, et tous ceux qui souhaitent participer,
- Impliquer les clubs, magasins, et autres acteur du VTT (distribution de plaquettes en gros)
Fournir une expertise sur les tracés de circuits VTT :
- Aujourd’hui, l’unique tracé autorisé de la Valmasque n’est pas exempt de risques pour les promeneurs, et par ailleurs pas toujours adapté aux attentes des vététistes. Les tracés proposés devront tenir compte à la fois des impératifs du CG06 et aussi des aspects purement techniques pour satisfaire un maximum de pratiquants, quelque soit leur niveau,
- Établir un ou plusieurs tracés supplémentaires, lesquels, si la collaboration est réussie, deviendront des itinéraires découverte « recommandés » (et non plus obligatoires).
Propositions futures
Car dépendantes de la première phase :
Faire de la pédagogie :
- Le CG06 propose gratuitement des ateliers « nature » dans les différents parcs. Des ateliers de type VTT pourraient être mis en place, une sensibilisation sur le terrain avec un « certificat » à la clé,
- La formation/délégation de volontaires par le CG06 (« Bike Patrols ») pour intervenir auprès d’autres pratiquants et passer la bonne parole,
- Un permis ? pas évoqué. Un certificat plutôt, correspondant à une engagement à respecter les règles et principes de respect du sentier et des autres usagers
Challenges
- Une fois la plaquette définie, obtenir un retour avec un nombre maximum de pratiquants pour obtenir des chiffres significatifs,
- Un feedback du terrain (ceux qui râlent aujourd’hui), qui pourra venir des gardes, mais on pourra aussi proposer un sondage in-situ à d’autres pratiquants vis-à-vis des vététistes.
Même si ces restrictions de liberté en irritent certains, elles sont aussi une belle opportunité pour l’ensemble des vététistes de créer une force de proposition qui réponde à nos attentes de loisir nature tout en s’intégrant avec les autres pratiques et le respect de l’environnement. Bien sûr, cela nécessitera inévitablement un ensemble de règles et de contraintes, mais cela sera toujours mieux qu’une interdiction pure et simple, ce que personne ne souhaite par ailleurs.
Salut Pierrot,
D’abord bravo encore pour votre initiative eco-sentier qui est remarquablement bien structurée (malgré sa jeunesse) et qui fait des choses concrètes. C’est un super engagement!
Je suis ce blog de loin en loin, et ce compte-rendu de réunion est super interessant.
Je me posais la question suivante: Les parc départementaux du 06 n’ont rien de commun avec le PNR du Mercantour, si j’ai bien compris?
Il s’agit encore d’autres zônes, reglementées de façon différente, par le CG06?
Je n’avais pas connaissance de ces parcs, et de leur réglementation potentielle de la pratique du VTT.
Il ne me semblait pas avoir, chez nous, de structures semblables. Après reflexion, les parcs naturels régionaux comme celui du Vercors (déja reglementé, il n’est que régional) ou de la Chartreuse (régional aussi, pas encore reglementé) sont du même type.
Je pense aussi au Parc naturel du Queyras, que je fréquente beaucoup, pas encore reglementé, mais…
Les questions d’interdiction sont toujours un casse-tête pour moi, entre les décrets « légaux » et les interdictions locales « sauvages » qui pour moi ne sont pas légales et applicables.
Bref, serait-il envisageable à l’avenir d’imaginer étendre le rayon d’action d’Eco-sentier hors dpt06, avec par exemple des correspondants pour chaque département? Cela permettrait d’avoir un dialogue avec toutes les régions concernées…et plus de poids au niveau national.
Je dois avouer que j’avais une réserve au départ sur ce type d’actions: Aller engager un dialogue « à-priori » alors que les questions d’interdiction ne se posent pas encore, c’est parfois donner le bâton pour se faire battre. Càd rappeller au bon souvenir des institutions que le VTT n’est que toléré, et qu’ils pourraient s’il leur chante l’interdir (EX récent de l’interdiction du rachais à Grenoble, qui existait sans être matérialisée et l’a été suite à un accident et l’intervention de diverses institutions). En gros, pour vivre heureux, vivons cachés…
Mais quand je vois le boulot que vous faites, je me dis aussi que la tendance est inéluctable, et qu’attendre c’est reculer pour mieux sauter…Donc bravo pour votre action.
Et pourquoi pas réflechir à une action concertée dans le futur plus axée sur le périmètre « Alpes ».
Bref, je te mets des commentaires en vrac, mais bravo pour cet article très complet et super interessant.
On attend la suite, qu’on espère positive…
Merci Marika pour tes compliments, ça nous va droit au coeur et nous encourage beaucoup !
Ton commentaire fleuve mériterait un article à part entière, ou bien compléter largement notre FAQ.
Il existe 3 sortes de parcs à ma connaissance, les Départementaux, les Régionaux, et les Nationaux, ces derniers étant sous la tutelle du ministère de l’environnement. Chacun d’entre eux a sa réglementation propre, sachant que les régions ont une grande autonomie sur ce plan. Le PN du Mercantour par exemple est strictement interdit aux VTT. Et comme toute interdiction officielle, elle est assortie d’un arrêté préfectoral, ou d’un décret, normalement accessible en différents supports (panneaux, mairies, internet…).
eco-sentiers n’a pas vocation à se cantonner au 06, mais comme on l’a expliqué en différents endroits, il faut bien démarrer, et ne surtout pas voir trop grand, trop vite. Néanmoins les adhésions comme les retours variés montrent que l’intérêt dépasse largement notre département, et c’est tant mieux.
Concernant ta remarque « rester discret vs. dialogue ouvert », je crois que tout nous montre qu’il vaut bien mieux « devancer » les choses en la matière, faire du lobbying, fédérer un maximum de clubs et de pratiquants, pour que notre communauté devienne significative et soit capable de donner de la voix, au même titre que les chasseurs par exemple.
Dès que nous aurons plusieurs réalisations probantes à notre actif, il sera temps d’attaquer tout le massif… des Alpes 😉
Oui je suis tout à fait d’accord, ne pas voir trop grand trop vite, c’est la meilleure façon d’avancer un peu!
Désolée pour le commentaire un peu longuet, c’est vrai que ce n’était surement pas posté au meilleur endroit 🙂
Pour le moment, il me semble qu’au niveau des Alpes (au sens large) et en dehors des Parc nationaux reglementés, le 06 (peut-être le Sud en général? je pense aux calanques) semble le secteur le plus problématique en termes d’interdictions potententielles dans un horizon relativement court.
Mais ce n’est qu’une impression de terrain évidemment!
Ce que je crains aujourd’hui, c’est que le développement du VTT en station (en particulier dans le 38, 05, 73, 74) n’amène à la dérive de cantonner le VTT aux espaces dédiés de montagne aménagée…
Si je comprends bien ,c’est dans le parc de la Valmasque que l’interdiction est un problème URGENT à règler.
Mais quid des autres parcs départementaux ? Je pense entre-aute au Parc de la Grande Corniche qui recèle de nombreux sentiers très interressant pour notre communauté.
Est-il possible d’anticiper l’exportation des ces interdictions strictes à tous les parcs du 06, en participant à l’élaboration de parcours autorisés aux VTT ?
@Phil_O
La valmasque est une reference car elle est extremement peuplée avec un grand nombre de pratiques et de type de pratiquants differents. Si l’experience est positive alors elle pourra probablement être appliquée sur d’autres parcs.
Concernant les interdictions, en fait elles existent toutes déjà, par contre l’application est très variable. L’elaboration des parcours viserait à une séparation des pratiques, pas toujours évidente en fonction de la taille du parc.
La priorité reste donc une vaste campagne de sensibilisation à la cohabitation, la création de parcours étant aussi une préoccupation.
Bravo Pierrot pour vos actions constructives.
@Renaud
Merci pour tes encouragements 😉
Tu seras très prochainement mis à contribution, toi-même et tes collègues, pour notre opération « Ouverture des parcs départementaux aux VTT », que nous lanceront à la rentrée !
Bravo pour cette reunion. Pierre tu peux nous en dire plus sur cette operation? Mon autre remarque est: est ce que les gens presents a cette reunion on transmis des infos aux gardes sur le terrain. Au vu des dernieres « rencontres » avec les gardes, ca n’a pas trop l’air.